À l’image des difficiles conditions de vie des peuples du Nord, entre nature hostile et climat rigoureux, le bestiaire mythologique des Vikings regorgent de créatures sauvages. Elles emplissent les récits qui ont voyagé en même temps que les Norvégiens, Danois et Suédois jusqu’en Europe de l’Est et au sud de l’Espagne.
Parmi ces animaux légendaires, la figure du loup nordique occupe une place importante dans la mythologie scandinave. Symboles de voracité, les loups ont pour principale mission de dévorer les astres au moment de Ragnarök, la fin du monde. Synonymes de ténèbres, ils mettent en garde les populations contre les forces nocturnes et sont tous à l’image du loup géant Fenrir.
Fenrir, tueur du dieu Odin
Ce loup gigantesque aussi appelé Fenris a été engendré par le dieu malin Loki et la géante de glace Angrboda. Alors qu’il était élevé parmi les dieux scandinaves, ces derniers s’aperçurent que le loup grandissait à vue d’œil, chaque jour un peu plus. Avertis par les prophéties qui désignaient ce monstre comme le tueur d’Odin lors de la fin des temps, les dieux décidèrent de l’attacher au moyen d’une chaîne solide qu’ils nommèrent Leding. Lorsque la chaîne fut achevée, elle fut présentée au loup afin qu’il démontre sa force. Fenrir jugea cette épreuve à sa portée, se laissa enchaîner et n’eut qu’à se secouer pour briser les maillons.
Les dieux fabriquèrent alors une autre chaîne, beaucoup plus résistante que la première puis, ils encouragèrent le loup, également nommé « l’habitant des marais », à l’essayer. Ainsi, il prouverait sa force supérieure et gagnerait une renommée impérissable.
Fenrir constata que ces fers étaient bien plus solides que les précédents, mais, ayant encore grandi, ne craignit pas de se plier à cette démonstration. La bête se laissa donc harnacher et, dès que les dieux s’écartèrent, elle se débattit si fort que le fer sauta en mille pièces et s’envola au loin.
Désespérés, les dieux commencèrent à douter de trouver enfin une solution pour contenir l’animal infernal. Comme ultime tentative, le dieu des dieux, Odin, sollicita les elfes noirs de Svartalfheim.
Réputés pour leur minutie et leur maîtrise de la forge, ils étaient, selon lui, capables de concevoir une chaîne indestructible. Les elfes sombres exécutèrent la demande et réalisèrent une chaîne baptisée Gleipnir. Composée du bruit des pas du chat, de la barbe de la femme, des racines de la montagne, des tendons de l’ours, de l’haleine du poisson et de la salive de l’oiseau, elle avait l’étonnante apparence d’une cordelette de soie, mais était dotée d'une résistance inégalée jusqu’alors.
Après avoir reçu la chaîne Gleipnir, les dieux emmenèrent le loup sur une île, en plein milieu d’un lac. Là, ils lui montrèrent le ruban en l’assurant de sa solidité à toute épreuve. Afin d’appuyer leurs paroles, les divinités se passèrent le cordon de main en main en s’efforçant de toutes leurs forces à le briser. Aucune d’elles n’y parvint mais toutes assurèrent que Fenrir, lui, pourrait y arriver.
Fenrir se montra d’abord sceptique. Il n’y avait aucune gloire à briser un si frêle objet. Cependant, il acceptait de se faire attacher avec s’il obtenait la garantie qu’aucune ruse ne se cachait dans cette tentative. Les dieux le rassurèrent. Après tout, si le loup Fenrir avait pu se libérer des chaînes les plus robustes, il se déferait de ce ruban sans effort.
Mais Fenrir objecta : « Il est certain que je n’ai rien à espérer de votre part. Si je ne puis m’aider moi-même, personne ne me libérera. Toutefois, pour ne point être accusé de lâcheté, je consens à revêtir ce ruban à condition qu’un de vous laisse sa main dans ma gueule en guise de bonne foi.»
Voilà qui était fort embarrassant. Personne dans l’assemblée divine ne souhaitait engager sa main, sachant la composition magique du cordon. Seul, le dieu Tyr se manifesta enfin.
Le loup fut attaché à l’aide du ruban et Tyr plaça sa main dans la gueule de la bête. Fenrir s’efforça de se dégager du lien mais plus il bougeait, plus il se sentait retenu. Plus il forçait, plus il s’entortillait. Devant leur victoire, les dieux rirent aux éclats. Tous, hormis Tyr qui perdit sa main.
Une fois convaincus que le loup géant était définitivement entravé, les dieux scellèrent le ruban à deux imposantes pierres qu’ils enfoncèrent ensuite profondément dans la terre. Fenrir enrageait : il grinçait des dents, se cabrait et essayait de mordre tous ceux qui venaient à sa portée.
Pour freiner ses assauts, un glaive fut passé au travers de sa gueule. L’animal hurla et l’écume qui lui sortit de la bouche devint le ruisseau Voen.
Malheureusement, toutes ces précautions n’empêchèrent pas la prophétie des Nornes, déesses de la destinée, de se réaliser. Au crépuscule des dieux, Fenrir parvint à se libérer et tua le dieu Odin avant d’être lui-même exécuté par Vidar, l’un des fils de la divinité.
À noter que la fratrie de Fenrir se composait d’autres personnages tout aussi sinistres. Le serpent Jörmungand fut jeté dans l’océan par Odin et Hel, la fille à la chair décomposée, fut bannie dans le Helheim, le monde sous les mondes pour régner sur ceux qui n’étaient pas morts au combat. Comme leur frère Fenrir, ils attendirent l’heure ultime pour agir.
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Les loups Managarm
S’il y a d’autres loups célèbres en dehors de l’habitant des marais, Fenrir, dans les croyances vikings, ce sont bien les Managarm. Ces loups de la Lune descendent du loup Fenrir et de la géante Iarnvid. Féroces et sauvages, ils ôtent la vie des mourants et se repaissent de leur chair. Charmant, n’est-ce pas ? Deux d’entre eux jouent un rôle déterminant lors du Ragnarök, Hati et Sköll.
Sköll et Hati, les dévoreurs d’astres
Aux Origines, le dieu Odin donna à Sol et Mani, les dieux du Soleil et de la Lune, deux chariots magiques tirés par des chevaux afin de traverser rapidement le ciel une fois par jour. Ainsi, ils apportaient de la lumière sur le monde entier. Mais les deux dieux distraits observaient la nature et les humains, n’en faisant qu’à leur tête, au point de dérégler les repères du jour et de la nuit. Odin les menaça mais ne fut pas pris au sérieux.
C’est Loki qui trouva la solution en demandant à Sköll et à Hati, enfants de Fenrir et d’une géante du Bois de Fer, de poursuivre les astres. En guise de récompense, les deux loups de la mythologie nordique pourraient dévorer les astres s’ils réussissaient à les attraper.
Sköll se mit à la poursuite du Soleil et Hati chassa la Lune, reprenant le cycle du jour et de la nuit, jusqu’à Ragnarök où les astres furent dévorés et le monde plongé dans les ténèbres. Juste avant d’être dévoré, le Soleil aurait donné naissance à une fille aussi belle que lui. Elle réchaufferait et illuminerait la nouvelle terre sortie des flots après la catastrophe de Ragnarök.
Le chien de Lune Managarm
Dans les écrits nordiques comme les Eddas, Managarm ne désigne pas un groupe de loups mais un loup titanesque dont le nom signifie Chien de Lune. S’il est toujours issu de la lignée de la géante Iarnvid, son rôle se limite à se rassasier du sang des hommes et à dévorer la Lune au Ragnarök. Il reprend ainsi les attributions du Hati décrites dans de nombreuses autres légendes.
Garmr, le loup de l’Enfer
Garmr est le nom du loup qui garde l’entrée du monde de Helheim, le monde où résident les morts qui n’ont pas connu une fin glorieuse au combat. Selon le poème prophétique de la Voluspa, Garmr est enchainé dans une caverne portant le nom Gnipahellir. Comme Fenrir, Garmr allait être libéré lors du Ragnarök.
Dans le texte du Gilfagining, Snorri Sturluson nous raconte qu’au moment de la bataille finale entre les géants du givre et les dieux, Garmr affronta Tyr dans un combat à mort. Tyr réussit à vaincre la créature infernale, mais mourut immédiatement après, des suites des blessures infligées par la bête.
Geri et Freki, les loups d’Odin
Dans la mythologie nordique, les loups trouvent également leur place auprès du dieu suprême Odin. Il est ainsi accompagné par deux créatures : Geri et Freki. Le glouton et le vorace, selon leurs dénominations, symbolisent la destruction. À l’opposé des deux corbeaux Hugin et Munin qui accompagnent Odin, les loups sont nourris par le dieu lui-même lors des banquets du Valhalla tandis que lui ne boit que du vin.
Toujours auprès d’Odin, Geri et Freki incarnent la personnalité violente que peut revêtir Odin sur les champs de bataille, principalement lorsqu’il va chercher les morts. Ces deux loups reflètent une interprétation plus nuancée des loups dans les mythes scandinaves. Au-delà de la voracité, de la destruction, ils évoquent aussi le courage et la force.
Varg, le loup humain
Les loups nordiques ne sont pas présents uniquement dans la mythologie. Le surnom donné aux exclus de la société germanique prouve à quel point la notion de loup représentait la noirceur.
Ainsi, les bannis étaient désignés par le mot Varg qui signifie “loup privé de paix”. Rejetés par leur communauté, ils étaient condamnés à quitter leurs villages et à en demeurer éloignés sous menace d’être tués sans qu’aucune justice ne vienne s’en prendre à leurs assassins.
Voilà qui, je l’espère, te donne un aperçu de la place du loup dans les légendes du Nord. Créature à dominante maléfique, le loup viking tient un rôle multiple lors de Ragnarök que ce soit avec les dévoreurs d’astres Sköll et Hati ou, bien sûr, avec le géant Fenrir. Ce représentant des ténèbres a laissé des traces dans les traditions des peuples celtes et même asiatiques.
À la nuit tombée, les habitants frappent encore leurs casseroles afin de produire un vacarme suffisant pour éloigner les loups colériques venus en même temps que l’obscurité. Et toi, quelle est ta perception du loup mythologique ?