Les Vikings sont l'un des peuples les plus connus de l'histoire. Les récentes séries télévisées, les jeux vidéo et autres productions témoignent de l’intérêt porté par le grand public pour cette civilisation.
Au cours des 300 années qui se sont écoulées entre le 8e et le 11e siècle, les Vikings ont effectué des raids dans toute l'Europe. Mais ils ne se sont pas contentés de piller les villages et villes qu’ils rencontraient.
Dans de nombreux endroits, notamment en Angleterre et en Ukraine, les Vikings se sont installés et ont fondé des colonies prospères.
Leur soif de voyage et leurs techniques de navigations les menèrent jusqu’au Groenland et des indices laissent penser que les Vikings se seraient probablement rendus sur les côtes d’Amérique, près de 500 ans avant Christophe Colomb.
Qui sont donc ces hommes et femmes venus du Nord qui ont tourmenté l’Europe pendant 300 ans?
Qui sont les Vikings?
Les Vikings étaient des peuples issus de Scandinavie. Aujourd’hui comme autrefois, le territoire scandinave correspond grosso modo à la région comprenant l’actuelle Norvège, la Suède et le Danemark.
Quelle est la signification du mot viking?
Bien que l’on parle souvent de peuple viking, en réalité, le terme ne désigne pas une ethnie ou un peuple en particulier. Le mot viking est dérivé du mot scandinave « vikingr » dont la signification exacte n’est pas précisément connue.
Certains pensent que le terme signifie « pirate », d’autres suggèrent que le terme signifierait « explorer » ou « explorateur ». Il semble avoir d’abord désigné des commerçants. Mais avec le temps il est venu à désigner ces Scandinaves qui débarquaient sur les côtes européennes pour piller et demander des rançons.
Les Anglo-saxons les qualifiaient de Northmen, les Francs les appelaient les Normands, les Irlandais leur avaient donné le nom de Lochlannach, les Nordiques. Tous s’accordaient pour les qualifier d’hommes venant du Nord.
Comment les Vikings vivaient-ils?
Bien qu’ils nous soient surtout connus grâce à leurs expéditions guerrières, les Vikings n’étaient pas que des guerriers. La très grande majorité vivait de pêche et d’agriculture.
Déjà bien avant le début des raids vikings, nombreux étaient les commerçants vikings installés dans les villes marchandes d’Europe.
Ils y avaient établi des comptoirs commerciaux à partir desquels ils échangeaient les marchandises du nord de l’Europe contre des biens provenant de régions aussi éloignées que le Moyen-Orient.
Contrairement à d’autres territoires d’Europe, qui commençaient déjà à s’unifier autour de royaumes, la Scandinavie de l’époque demeurait très fragmentée. Des Jarls régnaient sur de petits territoires morcelés.
Des querelles de territoires éclataient fréquemment entre les chefs scandinaves pour le contrôle de zones économiques ou de terres agricoles dans ce milieu où le sol n’était pas particulièrement fertile.
Toutefois, malgré les querelles, les habitants de ces régions partageaient néanmoins de nombreux aspects culturels. Ils partageaient tous la même religion et parlaient une langue commune.
Le bateau long est l’un des objets les plus marquants de l’âge des Vikings. Le navire viking, plus connu sous le nom de Drakkar, est en grande partie responsable du succès des raids vikings.
Le drakkar était le fruit de nombreuses innovations qui se sont échelonnées au fil des siècles. À l’époque des Vikings, les charpentiers scandinaves avaient atteint une sophistication poussée dans la construction de bateaux. Leurs embarcations étaient à la fois rapides, légères et capables de naviguer aussi bien en haute mer que sur de petites rivières.
Le drakkar était supérieur en tout point aux navires de l’époque. Beaucoup plus rapide, il permettait aux Vikings d’attaquer avec rapidité.
Les sources qui parlent des Vikings
Un célèbre dicton dit : « l’histoire est écrite par les vainqueurs ». Ce n’est manifestement pas le cas pour les Vikings.
Une grande partie de ce que nous savons sur les envahisseurs scandinaves provient des sources rédigées par les victimes des Vikings. Notamment les chroniques écrites par les moines dont les monastères furent vandalisés. Mais c’est tout à fait compréhensible puisqu’à l’époque les moines et les prêtres étaient bien souvent les seules à savoir écrire.
C’est donc tout à fait naturel que l’image que nous avons des Vikings soit celle de barbares sanguinaires dont la seule activité se résumait à piller, tuer et réduire en esclavages les habitants des villages qu’ils rencontraient.
Heureusement, certaines sources scandinaves ont été préservées. Mais ces sources datent de plusieurs siècles après l’âge viking.
De nombreux récits qui relatent l’époque des conquêtes vikings proviennent des sagas. Les sagas étaient des histoires écrites quelques siècles après l'âge viking ; certaines se sont avérées quelque peu exactes sur le plan historique, tandis que d'autres sont le fruit de mythes et de légendes.
L’un des recueils de sagas les plus connues est celui de Snorri Sturluson (1179-1241). Cet assemblage de textes qui relatent les grands événements scandinaves qui se sont produits durant l’ère viking.
En ce qui concerne les Vikings qui se rendirent en Russie et en Ukraine, nous les connaissons surtout à travers la Chronique de Nestor, l’une des seules sources qui détaillent l’arrivée des Scandinaves dans l’actuelle Ukraine.
Pourquoi les Vikings ont-ils décidé d’envahir l’Europe?
Plusieurs raisons sont soulevées pour expliquer l’expansion viking qui s’est déroulée entre le 8e et le 11e siècle.
L’une des théories les plus partagées consistait à affirmer que la Scandinavie avait connu, au fil des siècles précédents les raids, une forte expansion de la population des peuples du Nord. Cette explosion démographique aurait entrainé une surpopulation qui aurait fait pression sur les capacités agricoles de ces régions.
Devenus trop nombreux sur leurs terres natales, les Vikings seraient donc partis à la recherche de nouvelles terres où s’installer.
Une autre théorie suppose que les lois de successions étaient en cause. Dans les sociétés scandinaves, l’héritage de la famille était cédé par le père à l’ainé mâle des enfants. Les frères plus jeunes se retrouvant sans héritage partaient donc à l’aventure afin d’y accumuler les richesses et la gloire qu’ils n’auraient pas pu espérer obtenir s’ils étaient restés en Scandinavie.
Néanmoins, les récentes études laissent penser que les raisons étaient beaucoup plus « ordinaires ». Les Vikings auraient très rapidement pris conscience de l’état de faiblesse des royaumes qu’ils connaissaient bien pour y avoir séjourné lors de voyages commerciaux.
Ils auraient donc compris qu’il y avait là une opportunité unique de s’enrichir en pillant ces territoires.
Le début de l’Âge viking
Les Vikings connaissaient bien les voies navigables de l’Europe. Le commerce les avait emmenés à parcourir la mer baltique jusqu’en Russie et en Finlande.
Au 9e siècle, ils ont pénétré le Rhin situé en Allemagne, contourné le royaume des Francs et l’Espagne musulmane pour se rendre jusqu’en mer Méditerranée.
Un peu plus tard, des explorateurs ont également vogué à travers l’Atlantique, atteint l’Islande, et vers l’an 1000, se seraient rendu jusqu’au Canada.
Les historiens datent le début de l’expansion viking en l’an 793 de notre ère. Cette année-là, une bande de Vikings débarqua sur les côtes du Northumberland, dans l’actuelle Angleterre.
Quelques siècles plus tôt, entre le 5 et 6e siècle, l’effondrement de l’Empire romain d’Occident avait permis aux Angles et aux Saxons, deux peuples germaniques, de s’emparer de l’Angleterre (les Angles donnèrent leur nom à ce territoire, la terre des Angles)
Depuis cette période, l’Angleterre était fragmentée en plusieurs royaumes qui s’affrontaient pour le contrôle de l’île. Le territoire était divisé entre sept royaumes parmi lesquels on compte le Wessex, l’Essex, le Sussex, le Kent, la Mercie, l’Est-Anglie et la Northumbrie. On appelle ces Anglo-saxons l’heptarchie, terme qui signifie littéralement « sept royaumes ».
Les conflits entre ces royaumes allaient se révéler comme une véritable aubaine pour les Vikings. Ils fréquentaient déjà ces régions depuis bien longtemps pour les avoirs fréquentés lors de voyages commerciaux. Ils savaient compris qu’ils pourraient lancer des expéditions sans courir trop de risque.
C’est là qu’en 793, une bande de Vikings débarqua aux pieds du monastère de Lindisfarne. Selon les chroniqueurs chrétiens de l’époque, la bande armée s’empara des trésors du monastère, tua les moines, et fit des prisonniers avant de disparaitre à l’horizon, aussi rapidement qu’ils étaient apparus.
Pour les historiens, ce raid marque le début de l’ère viking. La nouvelle de richesses accumulées pendant des siècles par l’église chrétienne et la facilité déconcertante avec laquelle les Vikings ont réussi à s’en emparer allait se répandre parmi les tribus scandinaves comme une trainée de poudre.
Les monastères et les abbayes étaient des cibles faciles, car ils étaient souvent construits dans des régions reculées et peu défendues. Les moines choisissaient volontairement des endroits reculés afin de mieux se consacrer à la prière.
Très vite, d’autres clans vikings se mirent à voguer vers les îles britanniques. En 794 et 795, les Vikings pillèrent les monastères de Jarrow et l'abbaye d'Iona en Écosse, et dès 799, ils attaquèrent l’Aquitaine.
À cette époque, la Norvège était divisée en plusieurs petits royaumes qui étaient constamment en lutte pour le contrôle du territoire.
Les premiers raids vikings étaient donc des expéditions isolées, sans grande organisation.
Cependant, vers 872, à la suite de la bataille de Hafrsfjördr, un roi viking du nom de Harald à la Belle Chevelure réussit à se faire couronner roi de toute la Norvège.
Durant cette période, les raids étaient mieux organisés. Des invasions de grandes ampleurs étaient organisées. Cependant, après sa mort, la région s'est à nouveau rapidement divisée.
Les raids de Ragnar et de ses fils
Les Danois, quant à eux, ont concentré leurs attaques sur l’Angleterre. Vers 860, Ragnar Lothbrok (s’écrit également Lodbrock) aurait organisé des raids autour de la ville d’York. Après sa mort, ses fils ont pris sa relève vers 865.
Au cours des dix années suivantes, les fils de Ragnar, Ivar et Ubbe, ainsi que leurs successeurs se taillèrent un territoire comprenant la Northumbrie, la Mercie et l’Est-Anglie.
Ce nouveau territoire était devenu une colonie danoise qu’ils nommèrent le Danelaw, une expression signifiant littéralement « là où s’applique la loi des Danois ».
Entre 879 et 899, le roi Alfred de Wessex organisa la résistance contre les Vikings. Il réussit à fortifier son territoire et à stopper l’avancée danoise contre le Wessex.
Les Danois ne se limitèrent pas à l’Angleterre et les îles britanniques. Déjà, en 856, Björn Jarnsida (le célèbre Björn Côtes-de-Fer popularisé dans la série Vikings) fit irruption dans le nord de la France, près de Rouen.
Le roi Charles le Chauve lui aurait offert 6000 livres pour qu’il laisse les Francs en paix. Mais cette énorme somme, plutôt que de le calmer, semble plutôt avoir permis à Bjorn d’équiper une flotte de navire, puisque deux ans plus tard, il aurait lancé une expédition composée d’une soixantaine de navires.
Sa flotte aurait longé l’Espagne et aurait atteint le détroit de Gibraltar. Bjorn et sa troupe seraient également débarqués au Maroc, auraient attaqué Algésiras puis seraient remontés jusqu’aux rives sud de la France. Là-bas, ils auraient pillé Arles, Nîmes et Valence avant de se rendre en Italie.
La route vers l’Ouest
La colonisation de l’Islande
L'Islande a été découverte par hasard au début du 9e siècle et a été rapidement colonisée par les Norvégiens. Mais les fouilles archéologiques récentes ont démontré que le site avait déjà été habité depuis un moment par des moines venant d’Irlande.
Beaucoup de ces Norvégiens cherchaient de nouvelles terres à cultiver, et l'Islande était une destination idéale.
Dès 999, l’île s’est convertie au christianisme.
De nombreuses sagas ont été écrites en Islande au 13e siècle, détaillant les voyages de ces explorateurs. Les histoires racontent notamment les voyages de Leif Ericsson vers le Groenland et l’Amérique du Nord.
La découverte du Groenland
En 985, un Islandais du nom d’Erik le Rouge a été banni d’Islande pour avoir commis un meurtre. Il partit donc vers l’Ouest, là où quelques années plutôt un voyageur perdu avait annoncé avoir découvert une nouvelle terre.
Erik le Rouge atteignit effectivement le Groenland. Il rentra ensuite en Islande afin d’annoncer la découverte et monter une expédition afin de coloniser ce nouveau territoire. Très rapidement, une véritable colonie s’est mise en place avec des villages et des églises et une communauté florissante.
La découverte du mythique Vinland
Vers 986, un voyageur viking, du nom de Bjarni Herjolsson, aurait aperçu les côtes mystérieuses d’une terre alors inconnue des Vikings.
Les sagas racontent qu’une quinzaine d’années plus tard, vers l’an 1000, le fils d’Erik le rouge, Leif Erikson, décida de partir vers l’ouest à la recherche de cette nouvelle terre.
Après plusieurs jours de voyage, il aperçut une terre qu’il nomma Vinland, terme qui signifie la "terre où pousse la vigne". Il y construit des habitations avant de regagner le Groenland.
Selon certains historiens et archéologues, ce Vinland ferait référence aux côtes de l’actuel Canada. Leif Erikson et son équipage auraient longé les côtes du Labrador, auraient navigué vers le Sud jusqu’à atteindre l’île de Terre-Neuve.
Ce serait à cet endroit-là qu’il aurait construit les premières installations vikings en Amérique du Nord.
D’autres explorateurs vikings se seraient rendus au Vinland et y auraient rencontré des Amérindiens. Toutefois, après quelques expéditions, sans que l’on sache trop pourquoi, les Vikings auraient cessé leurs voyages vers le Vinland.
Les Vikings Rus et la conquête de l’Est
Si les Danois et les Norvégiens se sont particulièrement illustrés en Angleterre et en France, les Suédois ont, quant à eux, pris la route de l’Est, en direction des pays baltes et de l’Ukraine.
Pour parler des Scandinaves qui se sont installés dans ces régions, les Slaves les nommèrent Rus. Ils sont également appelés Varègues. Les deux termes désignent les Suédois qui se sont installés dans les régions de Russie et d’Ukraine.
Les Rus sont nommés pour la première fois dès 860, soit en pleine expansion viking.
La Chronique de Nestor nous informe que les Rus s’installèrent parmi les populations slaves locales auxquelles ils réclamaient de lourds paiements.
Exaspérés de devoir payer de lourdes sommes aux Rus, les Slaves se révoltèrent contre eux. Néanmoins, au lieu de trouver la paix, les Slaves commencèrent à se faire la guerre entre eux. Les combats étaient si fréquents que les Slaves décidèrent de rappeler les Rus parmi eux.
Toujours vers 860, trois frères furent choisis par les Slaves pour regagner les territoires situés dans l’actuelle Russie. Rurik, l’ainé des trois frères, s’installa dans la cité de Novgorod qui allait devenir la capitale des Rus.
À la même période, deux autres suédois, Dir et Askold, passèrent près de la ville de Kiev dont ils prirent possession et dont ils firent la nouvelle capitale d’un nouvel état connu sous le nom de Rus de Kiev.
Plus tard, vers 880, la principauté de Novgorod et la principauté de Kiev ont été unifiées en un seul état sous la conduite du prince Oleg (Helgi en langue scandinave).
Ce nouvel état, fondé entre la mer Baltique et la mer Noire, allait prospérer jusqu’au 13 siècle et l’arrivée des invasions mongoles.
En fondant ces principautés, les Rus ont mis en place les structures politiques qui allaient donner plus tard naissance à la Russie.
Par ailleurs, en 2016, un film sur les Vikings est sorti traitant de cette période.
Comment les Vikings ont-ils disparu?
Même si les Normands de Guillaume le Conquérant ne sont pas historiquement considérés comme des Vikings, la bataille de Hastings, en 1066, marque généralement la fin de l’âge des Vikings. À la suite de cette bataille, Guillaume est couronné roi d’Angleterre.
Même si les invasions vikings cessèrent à peu près à cette époque-là, les Vikings n’ont pas soudainement disparu pour autant. Dans les régions qu’ils ont conquises, les Vikings se sont tout simplement fondus dans la population.
Ils se sont lentement adaptés aux coutumes et religions locales. En s’intégrant et en se mélangeant aux populations locales ils sont tout simplement devenus partie intégrante de leur nouvelle communauté d’accueil. Partout où les Vikings se sont installés, au bout de quelques générations seulement, ils avaient adopté le christianisme, les coutumes locales et la langue.
En Ukraine par exemple, la dynastie de Rurik, qui avait pendant un temps régné sur les Slaves d’Europe de l’Est, s’est progressivement slavisée. Au bout de la troisième génération, les conquérants rus avaient adopté des prénoms slaves et s’étaient convertis au christianisme orthodoxe.
En France le même phénomène s’est produit. Rollon et ses Vikings qui s’étaient installés en Normandie ont adopté le français, se sont convertis à la religion chrétienne au point d’ériger quelques-unes des plus belles églises de France.
Mais l’assimilation n’est pas la seule explication de la fin des invasions vikings. En se renforçant, les royaumes d’Europe n’étaient plus des cibles aussi faciles qu’au 9e siècle. Au 11e siècle, le royaume de France et le royaume d’Angleterre connurent un renforcement croissant qui rendait difficile à des bandes vikings de venir piller impunément leurs rivages.
Le renforcement des royaumes scandinaves explique également la fin des raids. Au Danemark, le roi Harald à la dent Bleue a christianisé son pays dès 960. Son règne est marqué par un renforcement du pouvoir du roi et donc un meilleur contrôle des clans vikings et des jarls.
De ce fait, en développant le commerce au sein du pays, les Danois avaient de moins en moins d’incitatif à aller chercher des richesses à l’étranger par le pillage.
Le même phénomène s'est produit en Norvège à la même époque. Entre 930 et 970, les enfants d’Harald à la Belle Chevelure ont développé les structures d’un état politique fort. Olaf Tryggvason, petit-fils d’Harald à Belle Chevelure a poursuivi la même politique d’unification de la Norvège.
Quoi qu’il en soit, les Vikings ont laissé leur marque dans l’histoire. Jusqu’à nos jours, ces aventuriers du Nord continuent de susciter la curiosité des passionnés d’histoire.