Voilà un thème qui bouscule les préjugés sur le peuple Viking ! Tes indomptables guerriers nordiques préférés comptaient dans leurs rangs des femmes aussi courageuses et téméraires que leurs collègues masculins. La preuve avec cette découverte qui bouleversa l’imaginaire commun : la guerrière viking de Birka.
Qu'a-t-on découvert dans la tombe de la guerrière de Birka ?
Tout commence en 1878, à Birka, dans le sud-est de l’actuelle Suède. Cette ville, connue pour être l’une des plus anciennes du pays, fut particulièrement active entre 750 et 950, en plein coeur de l'époque viking . Située sur l’île de Björkö, elle accueille un important site archéologique datant de l’âge viking et qui retient l’attention des archéologues depuis les années 1870.
En 1878, le chercheur Hjalmar Stolpe circule entre les tumulus peuplant l’îlot. Sous chacune de ces montées de terre repose un viking enterré selon les rites funéraires vikings de l'époque. L’intérêt du chercheur est cependant accaparé par une tombe disposée à l’extrémité de l’île. Cet endroit stratégique, en bordure de mer, ne peut qu’abriter une personne importante. L’archéologue met alors au jour une chambre funéraire datant du Xe siècle qui confirme l’honneur rendu au défunt y reposant.
À l’intérieur, un corps en position assise est recouvert de vêtements de soie. Du mobilier funéraire somptueux entoure la dépouille. Mais, ce qui atteste de la fonction guerrière du défunt réside dans l’impressionnante quantité d’armes présente dans la sépulture . Une épée est disposée à côté de la main gauche du corps, une hache viking auprès de la droite. Deux boucliers, un au-dessus et un au-dessous, limitent la tombe.
VIDEO
Plusieurs pointes de flèches sont aussi répertoriées ainsi que des fragments de fanons de baleine. Ces lames cornées contenues dans la mâchoire supérieure du cétacé servaient de pions dans un jeu de stratégie viking. Enfin, au pied du squelette, reposent deux chevaux, une jument et un étalon disposés l’un contre l’autre. Tous ces éléments font du tombeau découvert l’un des plus représentatifs de l’ère viking qui contient un guerrier de haut rang. Cette certitude dure un siècle.
En 1970, de nouvelles études sur le squelette soulèvent l’idée qu’il n’appartiendrait peut-être pas à un homme. Mais il faut attendre 2014 et les travaux de l’archéobiologiste Anna Kjellström pour obtenir davantage de précisions. La scientifique s’intéresse particulièrement aux os du bassin de la dépouille. Seul un petit morceau demeure intact au milieu des fragments du squelette mais sa largeur ne peut que désigner un os de femme.
Ces indications sont reprises par l’archéologue Charlotte Hedenstierna-Jonson dont l’étude, publiée en 2017, atteste que l’analyse de l’usure des dents et des jonctions des os indique un défunt d’une trentaine d’années et, surtout, que les analyses ADN apportent deux certitudes : tous les os appartiennent bien au même squelette et celui-ci ne comporte que des chromosomes X. Le guerrier de Birka était donc une guerrière !
Les femmes guerrières vikings
Ces conclusions scientifiques concernant la tombe de Birka n’ont toujours pas convaincu l’intégralité des chercheurs et historiens spécialistes de l’ère viking. La remise en question du système patriarcal du peuple nordique demeure difficile à accepter. Toutefois, la réalité de femmes utilisant les armes ne repose pas uniquement sur la découverte de la tombe de Birka.
D’autres preuves archéologiques prouvent l’existence des femmes guerrières vikings . Des tombes emplies de flèches, de haches, d’épées ou de lances contiennent des squelettes féminins. Sur plusieurs sites du sud de la Scandinavie, des bijoux datant du IXe siècle ont été retrouvés. Ils sont ornés de représentations de femmes guerrières tracées sur des pendentifs dont le sujet porte un bouclier et une épée.
Ces trouvailles évoquent également les mythes nordiques dans lesquels apparaissent les Valkyries . Ces divinités guerrières dirigeaient les batailles. Armées de leurs attributs, elles désignaient les combattants choisis pour leur bravoure et ayant le droit d’intégrer le Valhalla , hall des morts protégé par Odin qui accueillait ses hommes dans l’attente du dernier affrontement de Ragnarök .
Sans transformer la société viking en exemple d’égalitarisme, de nombreux textes attestent d’un certain respect envers ces figures féminines portant la lance. Le clerc Saxo Grammaticus (1160-1220) évoque les Valkyries avec un certain respect. Or, son statut d’historien et de moine danois de l’époque médiévale le laisse imaginer plutôt misogyne, refusant un quelconque rôle d’importance à la gente féminine.
Il ne faut pas non plus omettre la présence des Skjaldmös . Ces guerrières vikings adoptaient les attitudes masculines, portant un vêtement identique à leurs semblables combattants et étaient douées dans le maniement des armes. Leurs nombreuses représentations apparaissent dans les récits, les sagas et la Geste des Danois. Elles seraient même à l’origine du mythe des Valkyries .
Toutefois, le rôle dont s’empare ces femmes vikings ne leur semble dévolu qu’à partir du moment où la famille manque d’un combattant masculin ou, qu’ayant fui un mariage détestable, il leur permette de justifier d’une condition honorable au sein de leur clan. Car là repose peut-être bel et bien le mystère de la guerrière de Birka et des femmes vikings armées.
Toutes les femmes pouvaient-elles devenir guerrières?
Tout dépendrait de la famille dont elles seraient les descendantes. Dans le cas d’une ascendance reconnue parmi les dirigeants, la femme reprendrait la lance du combattant manquant ou s’érigerait comme chef viking, là où une semblable issue d’une lignée plus modeste n’aurait jamais l’opportunité d’approcher une arme. La société viking ne serait donc pas si éloignée de pratiques encore contemporaines !